« Jake, ça te tuerait de ramasser tes vêtements dans la salle de bains quand t'as fini de prendre ta douche ? C'est crade de les ramasser, parce que je sais jamais par où t'es passé avant de te doucher ! » J'lui lance un regard noir et elle recule, presqu'effrayée. Maryann, ma petite soeur, m'accuse de foutre mon bas ventre partout, j'suis pas aussi stupide quand même ! Et puis même si c'était le cas - ce qui ne l'est pas - en quoi ça la regarde, putain ? Elle a pas de remarques à me faire, surtout pas avec le taulard qu'elle se colle à tout bout de champ et qui joue au possessif qui veut pas la laisser vivre une vie normale. Qu'elle me foute la paix, on est le matin et j'suis pas d'humeurà me faire emmerder, mais genre, vraiment pas. « Un jour j'vais te les étamper dans mon visage, mes vêtements, morveuse. » Elle me dévisage et me fait un doigt d'honneur avant de s'afférer dans la cuisine. « Ramasse tes merdes ! Sinon j'prends des gants et j'les fous dans la poubelle. » Cours toujours, gamine. J'ferme la porte de ma chambre et m'habille, j'commence à travailler dans une heure et faut que j'aie le temps de passer chez Devyn lui emmener à déjeuner et qu'on mange avant que j'm'éclate à fixer les problèmes des bagnoles des citoyens de la noble ville qu'est l'Albuquerque. Habillé, j'sors de la chambre, ramasse mes affaires dans la salle de bains avant que l'autre me pète encore une crise puis j'les fous dans le panier pour qu'elle les lave. La plupart du temps, elle fait mon lavage parce que j'en ai pas envie et qu'elle sait que j'serais capable d'aller m'acheter de nouveaux vêtements rien que pour pas le faire, et elle veut pas les voir traîner dans l'appart, alors elle se résoud à le faire sans broncher. On a un bon système, on s'entend sur la plupart des choses et quand on a besoin de l'autre, on est là. Ces temps-ci par contre, ça a été un peu plus dur d'être à l'appart en même temps, j'travaille, elle étudie et travaille ensuite, faut pas trop espérer être disponible. Puis quand je travaille pas, je suis chez Devyn et on fait des trucs strictements personnels, ou sinon on regarde la tlé et on mange. Elle me parle de sa journée, alors que j'bois ma bière et que j'mate miss météo. Elle me frappe, j'me réveille et j'parle à mon tour, pour faire partie de la conversation, étant donné qu'il y a personne d'autre avec qui la faire. « J'rentrerai peut-être pas ce soir, j'vais chez Devyn. » Au moins aujourd'hui je prends la peine de la prévenir. Hier je l'ai pas fait et elle a failli m'étrangler quand elle m'a finalement appelé et que j'ai daigné répondre. Elle m'a dit que c'était injuste que je lui fasse ça et qu'elle pouvait pas se soucier que de moi comme si j'étais son enfant, alors j'lui ai dit de se calmer et que j'lui dirais dorénavant. Elle m'a aussi dit que si elle faisait une crise d'angoisse un jour, ce serait sûrement à cause de moi. Faux, ses petits amis sont très largement qualifiés pour ça aussi... J'suis son frère, on habite ensemble, elle peut pas aller quelque part sans penser à moi et vice-versa. Elle est quand même la seule personne - parmi toutes les filles que j'ai rencontré, et c'est beaucoup dire - à qui je dis je t'aime quand l'envie m'en prend ou quand je rentre complètement défoncé en taxi et qu'elle m'aide à me rendre à mon lit sans que j'me pète les dents. « Okay... Bye. » Qu'elle dit, nonchalamment. Quand j'dis rien elle se fâche et quand j'dis quelque chose elle m'ignore. Faudrait qu'elle se branche hein ! « Arrête de bouder, t'es moins mignonne quand c'est le cas, minus. » Dis-je, avant de fermer la porte et en faisant un signe comme on fait dans l'armée à son supérieur. Elle penche la tête et met ses deux mains sur ses hanches accompagné d'un de ses sourires les plus sarcastiques qui soient. J'adore l'emmerder, c'est genre, un trip sans fin...

« Que puis-je donc faire pour vous aujourd'hui, mademoiselle Manners ? » Elle est loin d'être une demoiselle, mais je l'appelle comme ça pour lui faire plaisir. Madame Manners est une personne âgée extrêmement charmante et surtout, qui aime draguer les petits jeunes dans mon genre, parce qu'elle croit leur faire effet. Don't get me wrong, je me la serais sûrement fait si elle avait mon âge, parce que j'ai déjà vu des photos d'elle plus jeune et c'était un vrai canon, mais alors wow... Bref, revenons à nos moutons. « Alors, je ne comprends pas... Mon véhicule fait un drôle de son lorsque je le démarre et à chaque fois que je ralentis ça grince, en plus que mon volant soit lousse. » C'est l'huile qu'il faut vérifier, en plus du fait que ses freins soient finis, joyeux. J'diagnostique assez vite les conditions véhiculaires qui me sont avancées parce que pendant mes études et mon stage de mécanique, c'est dans ça que j'excellais. Trouver le problème et s'arranger pour le faire partir ensuite, requinquer la voiture et la rendre comme neuve... « Il va falloir changer votre huile et vos freins. » Elle me regarde d'un drôle d'air. Sûrement étonnée que je lui réponde si vite. Elle devrait en avoir l'habitude maintenant, ça fait quand même deux ans qu'elle vient faire prendre soin de son bijou ici. Elle a une vieille chevrolet 67 rouge pétante avec des lignes blanches dessus. C'est ma voiture de rêve, celle que je sais que j'vais rouler dans quelques mois parce que je travaille dessus. Elle s'y connaît, madame Manners, elle a grandi dans cet environnement. « Parfait, je reviendrai la chercher dans 5 jours. Je pars en voyage bientôt et il me la faut prête à prendre la route ! » Elle s'en va, laissant un peu d'argent dans ma main et me faisant un clin d'oeil. Je souris et me mets au boulot... Ma journée terminée, j'ferme le garage et j'me fais inviter par les autres à aller prendre un verre, mais j'ai déjà des plans. J'ai pas envie d'me rendre au bar, boire et pas être en mesure de me rendre chez Dev avec tous mes moyens, elle va détester ça et j'vais me sentir mal d'encore lui imposer l'alcool que j'ai ingurgité. Quand elle vient avec moi, c'est beaucoup plus marrant... M'enfin, j'me rends devant l'édifice et j'en descends rapidement, parce qu'elle a dit qu'elle me ferait à manger ce soir. J'sais pas pour les autres mecs, mais moi une fille qui me fait à manger ça me rend dingue ! Je carbure au sexe et à la nourriture, du coup quand une fille a rien d'autre à m'offrir que la première option, j'y porte pas attention. Je toque pas, parce que la porte est ouverte - comme à chaque fois que je viens - et je la vois dans la cuisine, entrain d'écouter de la musique à fond et de chantonner. J'me mets à rire en faisant gaffe qu'elle me voit pas, puis j'm'approche d'elle et je mets mes bras autour de sa taille puis plus bas sur ses cuisses et mes lèvres dans son cou. Elle sursaute, avant de se retourner et m'embrasser. « Ça sent bon, qu'est-ce que c'est ? »

« Evan, je peux savoir ce que tu fous en caleçon sur mon canapé ? » Il se réveille d'un seul coup et à l'air d'avoir la tête dans le cul. Évidemment, quand il est bourré, c'est chez moi qu'il vient. Comme s'il pouvait faire le chemin jusqu'à sa propre maison. Non, mais je rêve. S'il vient chez moi pour dégueuler partout sur mon sofa, je le tue. Je croise mes bras sous ma poitrine en le fixant. Il tourne la tête vers moi et me fait un grand sourire stupide qui me donne envie de lui dire de dégager dans la minute, mais je le fais pas, parce que je suis beaucoup trop gentille avec lui. « Alors en fait... je me souvenais plus du chemin pour rentrer chez moi, donc je me suis dit que j'allais venir dormir chez toi. Puis, je savais que ça te dérangerait pas, vu que t'es adorable et tout... » J'hausse un sourcil, en lui faisant un sourire hypocrite. Parce qu'il croit que parce qu'il me fait ce regard-là, je vais marcher ? Pas la peine de me flatter, ça me dérange pas qu'il soit là. Je le vois plutôt rarement quand j'y pense. Parce que quand je suis pas au travail, je suis avec Jacob. Et je l'appelle pas souvent, parce qu'il le fait pas non plus. Surement qu'on pourrait considérer que ce serait plus à moi de le faire que lui, mais nan. « Ouais, ouais, pas la peine de faire de la lèche. » que je lui dis en secouant la tête pour finalement aller dans ma cuisine. Je le suis sors un bol et des céréales qui trainent dans mon placard du haut, parce que c'est ce que je lui file à chaque fois qu'il s'échoue chez moi. Moi, je me fais un café et m'attrape un fruit. Il entre dans la cuisine et se pose en face de moi. Après ça, je vais à la douche, je m'habille et je vais travailler. Evan a les clés de toute façon, alors il pourra rester ici et fermer quand il se cassera. « Bon, dis-moi alors, tu vas bien ? » qu'il me demande alors que ça fait quelques secondes que je sens son regard fixé sur moi. Je lève la tête vers lui, un sourire sur les lèvres avant de prendre une autre gorgée de mon café. C'est vrai qu'avant, j'étais celle qui lui accordait le plus d'attention, parce que mes parents s'en foutaient. Ils se foutaient de tout, donc bon. Alors même si on se parle plus autant qu'avant, il doit forcément savoir que s'il a un problème, je serai toujours là pour lui. Même si parfois, il m'agace, quoi que pas tellement quand j'y pense. Il vient rarement chez moi uniquement pour me faire chier, voir jamais, donc... je peux dire que j'ai un petit-frère parfait. « Très bien et toi ? » que je lui réponds en terminant mon café. Il hoche positivement la tête avec un sourire, alors je lui dis que je vais à la douche. Je lui pose jamais de questions à laquelle j'ai pas envie d'avoir de réponse. Je suis pratiquement certaine qu'Evan est du genre à se taper les filles en séries, mais vu que je veux pas en être sûre, parce que je considère que ça me regarde pas. Il m'en pose pas non plus sur les mecs, Jacob en particulier, sauf quand c'est moi qui lui en parle. Je sors de ma douche, me prépare et une fois que je suis habillée, je sors de ma chambre, fais un câlin à Evan et sors de l'appart.

Journée banale au boulot. Des rendez-vous, des papiers envoyés, des gens qui se plaignaient à moi pour des trucs complètement absurdes, alors que personnellement, je peux rien faire pour eux. C'est pas moi l'avocate là-dedans, mais les deux autres personnes, alors ça sert à rien de venir me voir à moi si c'est pour savoir combien machin truc risque après avoir fait ceci ou cela. Bon en fait, je m'y connais un tout petit peu, sinon, je travaillerais pas là, mais même. C'est pas à moi de faire des pronostics et je veux qu'une fois la personne entrée dans le bureau de l'avocat qu'ils ont pris entre les deux dise : votre secrétaire m'a dit que bidule risquait tant de temps. C'est un coup à se faire virer plus vite que la lumière et j'ai autres choses à faire. Enfin bon, heureusement que la journée est terminée, parce que sinon, je crois que j'aurais fini par tuer quelqu'un, comme tous les jours, c'est bien ce que je disais. Je suis dans mon salon, en train de réfléchir à ce que je vais faire à manger, je sais pas tellement à quelle heure Jake arrive, mais je lui ai dit que je ferai à manger. Des pâtes à la carbonara, surement. Ouais, je vais faire ça. En entrée, comme d'hab, il choisira ce qu'il voudra dans le frigo et en dessert, j'ai des glaces dans le congélateur. Puis dans tous les cas, je le connais suffisamment bien depuis le temps, pour savoir qu'on passera pas notre soirée à manger. Enfin, surement qu'il mangera plus que moi, mais je sais que mis à part manger, on fera aussi des trucs plus intéressants que ça. Je monte le son de la musique qui passe à la radio et me mets à chanter les paroles, pas trop fort non plus, pour ne pas faire peur au voisin, tout en faisant les pâtes. Heureusement pour lui, Evan a rangé les affaires après les avoir lavé. Il avait intérêt sinon je lui aurais botté le train arrière la prochaine fois qu'il serait venu. Mais mon petit-frère est un ange, parce que c'est moi qui lui ai tout appris et parce que je suis trop géniale. Enfin bref. Je ne crois pas que le fait que je sois parfaite – blague – soit réellement le sujet. Je mets le couvert sur la table pendant que la nourriture cuit. Puis je me remue les pâtes et je sens des mains qui se posent sur ma taille. Je sursaute, puis me mets à sourire. Ses mains descendent sur mes cuisses et il m'embrasse dans le cou, me faisant frissonner par la même occasion. Je me retourne et pose une de mes mains sur sa nuque et l'autre sur sa joue avant de l'embrasser. « Ça sent bon, qu'est-ce que c'est ? » qu'il me demande, son visage assez proche du mien alors que je souris. Parmi les trucs que Jake aime le plus, je crois que la bouffe se trouve dans le top 3. Sérieusement, je crois qu'à chaque fois qu'il vient, il mange un truc avant de faire quoi que ce soit. Ça me dérange pas, je me suis toujours fait à manger, perso, donc en faire pour lui aussi me pose aucun problème. Je me remets face à la plaque de cuisson, de dos à Jake, pour éteindre les pâtes et rajouter la sauce carbo, avant de remuer le tout. « Des pâtes à la carbonara, je te laisse prendre ce que tu veux dans le frigo, si tu veux manger un truc avant de passer au plat. » que je lui dis avant de me remettre face à lui et de le rapprocher de moi en tirant son t-shirt. Je repose mes lèvres sur les siennes en souriant. « T'as passé une bonne journée ? » que je lui demande en me décollant de lui, amenant les pâtes sur la table, alors qu'il me suit de près.