J'étais là, sur un banc en bois blanc. Enfin blanc, on va dire qu'il avait été blanc. La pluie et le temps étaient passés par là et la couleur s'était dissipée sur plus des trois quarts de sa surface. C'est triste d'être un banc, finalement. De perdre sa couleur au fil des jours. Tout aussi triste que j'avais l'air d'être à ce moment, en fait. Seule, sur l'un des trois et quelques bancs de ce parc. Parc qui était ma fois plutôt vide. Seul deux ou trois couples étaient allongés dans l'herbe, s'enlaçant et s'embrassant inlassablement. Personnellement, j'avais le sentiment que d'une minute à l'autre, ils allaient tous s'étouffer avec leur bave respective. Charmant, n'est-ce pas ? Mais je n'étais pas triste. Disons que j'étais juste ailleurs. Je ne savais plus trop où j'en étais, j'étais un peu perdue. Que devais-je faire exactement ? Je ne savais plus. Il faut dire que je n'étais pas aidée avec ces sangsues étalées sur leur salade verte comme des langoustes baveuses. Le pire c'est que ces imbéciles ne pouvaient pas s'empêcher de se rouler des pelles en public, rien que pour faire chier le monde. D'ailleurs, en parlant de pelles, je vous avais déjà dit que c'est grâce à l'une d'elles que j'ai rencontré Aphrodite ? En fait, mon frère et moi venions tout juste d'arriver au nouveau Mexique, devant, de ce fait quitter tous nos amis de Londres. Alors, pour se faire pardonner, nos parents nous ont emmené là où nous voulions. Et bien sûr, il a fallu qu'on voit ce petit parc remplit de petits jeux pour enfants, incluant un bac à sable. Bac à sable qui me fit un électrochoc dès que je le vis d'ailleurs, mon cœur se mit à battre la chamade et j'eus soudainement chaud. Non, je n'ai pas de tendances bacasableophiles. Je me saisis donc d'une pelle qui traînait à terre et courus jusqu'à la source de mes envies. Quel enfant normalement constitué résisterait à l'appel du sable ? Grâce à mon adresse douteuse, je réussis à foutre cette petite pelle en plastique rouge sur la tête d'une petite fille, à peine entrée dans le bac aux rebords de bois. Aphrodite.

APHRODITE ✜ AIEEE, NON MAIS TU VEUX MA PELLE BLEUE DANS LA TETE?!
APÖLYNE ✜ Pardon, pardon, pardon …
APHRODITE ✜ Bon, j'te dis pardon si tu m'aides a faire un plus gros château que l'autre moche !
APÖLYNE ✜ Y'a plus simple. RAFIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !
RAPHAËL ✜ Quoi ?
APÖLYNE ✜ Le garçon là-bas il est méchant avec nous !

Le faux air triste que j'avais pris ce jour là n'avait pas fait hésiter mon frère plus longtemps, une poignée de secondes après il s'était mit à sauter à plusieurs reprises sur le tas de sable qui était sensé représenter un château. J'ai envie de dire que ça n'a pas changé grand chose. Dans les deux cas, son tas de sable ressemblait à une grosse patate. Si en fait, un changement minime. Avant le passage de Raphaël, c'était une patate debout, à présent elle était allongée restant tout de même aussi cabossée. Pauvre petit. Tout ça pour dire qu'en fait, mon frère, quoi que je fasse, il est toujours là pour moi, ce qui a des avantages comme des inconvénients en fait. Disons que quelques souvenirs me reviennent en mémoire et c'est pas tout beau. Mais c'est drôle, je l'accorde. J’irais pas jusqu'à dire qu'on s'auto-abrutissait, mais c'est tout de même pas bien loin de ça.

APÖLYNE ✜ Regarde, je viens de le faire, c'est pour toi !
RAPHAËL ✜ C'est quoi ? On dirait du caca !
APÖLYNE ✜ Naméoh ! C'est du gâteau au chocolat, tête de concombre !
RAPHAËL ✜ Ça ?
APÖLYNE ✜ Tu veux une preuve ?

Je vous laisse imaginer la suite. Pour vous faciliter la tâche, disons juste que je lui ait adorablement foutue le gâteau sur la tronche. Sauf que vous voyez, j’espérais que ce soit drôle, qu'il glisse et qu'il salisse tout son haut, vous savez, comme dans les dessins-animés. Sauf qu'en fait, au final, c'était encore plus ridicule, le gâteau était resté collé à son visage, ahah. Et puis, s'en suivit une grosse bataille d'aliments en tout genre, allant du ketchup aux pommes de terre broyées, des œufs aux miettes de petit lu. C'est beau l'amour fraternel, n'est-ce pas ? D'ailleurs, tout ça, ça me rappelle bien des choses dont j'ai honte. Quand je disais que parfois, on s'auto-abrutissait...

APÖLYNE ✜ Allons y, let's go !
RAPHAËL ✜ C'est parti les amis !
APÖLYNE ✜ Ooh ! Le bébé tigre a besoin de nous, il faut grimper à l'arbre, vite !
RAPHAËL ✜ C'est ce que je fais, c'est ce que je fais !
APÖLYNE ✜ Plus viiiiiiteeee !
RAPHAËL ✜ Ouuuii ! C'est gagné, c'est gagné, yes we did it !

Aah, Dora, elle nous a bien perturbée celle-là ! Nous avions beau grandir, nous restions des gamins. Mais voyez-vous, lorsqu'on est deux, c'est bien plus facile de l'assumer ! Pour vous dire, tous les matins, Bob l'éponge, les Totally spies, Martin Mystère et tout ce que vous voulez qui s'en rapproche étaient de la partie. Accrocs aux dessins-animés du matin, oui nous l’étions, avant.

Bienvenue J'adore la madame sur ton avatar même si j'arrive jamais à me souvenir de son nom XD