On naît, on se fait chier tout le long de sa vie, et on crève. C'est la vie, en long, en large, et je pourrais même vous dire en travers. En clair, ça craint. Bien sûr, y'a certains emmerdeurs qui vous diront tout le contraire. Eux, ils disent profiter de la vie à chaque instant, ils y croient les salauds, au bonheur. Ils pensent qu'ils le détiennent, naïfs comme ils sont, ou se disent qu'ils le connaîtront bientôt, quand ils auront réussi à faire telle ou telle chose. Pathétique. Ils se focalisent un but précis dans leur misérable existence, et bossent. Ils bossent jusqu'à s'en faire éclater le cerveau, y'a qu'à regarder les employés de grandes entreprises qui sautent du haut d'un toit tôt ou tard sous la pression. Ils n'ont pas encore compris que le bonheur n'existe pas vraiment. Ce n'est qu'une putain d'illusion qu'on ose prétendre toucher du doigt un jour. Faut se rendre à l'évidence, comme le père noël, la petite souris, le lapin de Pâques, Dieu, l'Amour, avec un grand « A » et j'en passe, le bonheur est une invention de l'humanité qu'on s'entête à croire pendant son existence.
Vous l'aurez compris, je n'ai aucun but et je ne crois en rien. J'attends juste. Je passe ma putain de vie à attendre désespérément de crever, parce que j'ai rien à foutre. Alors, pour passer le temps, je bois. Je me défonce le nez avec de la cocaïne. Je fume. Beaucoup trop. Je baise. Et je m'endors aux bras d'un macro puant dans son lit, après lui avoir fait prendre son pied. Et je me réveille, récupère mes quelques affaires. Et je recommence. Toutes les journées se ressemblent, une putain de routine qui m'empoisonne un peu plus chaque jour. Je me fiche des gens, ils ne m'intéressent pas. Rien ne m'intéresse. Je m'attache pas aux gens, ça sert à rien . Et les gens sont tous cons. Tous bornés à rêver de choses grandioses qu'ils n'auront jamais. Stupide espoir. Tous, sauf Apölyne. Apölyne, c'est la seule en qui j'ai confiance. La seule qui m'intéresse, la seule que j'aime. Ça fait con, comme ça, mais je peux pas tellement l'expliquer. C'est elle, juste elle, et ce sera toujours elle et moi. Je ne parle pas d'une histoire d'amour ou quelque chose de ce genre là hein, rien de ça ( quoi qu'on couche bien ensemble ) mais Apölyne est tout pour moi. Petite sœur, grande sœur, amante, meilleure amie, confidente. Croyez-moi, s'il lui arrive le moindre truc, je me fais sauter la cervelle. Sans elle, je pars.

Je crois que la plupart des gosses de riches sont comme moi. La vérité, c'est que quand on est riche, quand on a tout ce qu'on désire, on a plus rien à envier. Alors on se fait chier et on cherche un moyen pour passer le temps et pour oublier qu'on est affreux, parce on jurerait avoir une vie de merde sans penser aux autres qui ne peuvent pas bouffer ou ce genre de conneries. Ouais, on souffre, nous aussi, les gosses de riches, mais on nous répondra qu'on a tout, alors on se la ferme, parce que ça fout mal de râler quand on a aucune raison de le faire. Faut croire qu'on est égoïste. C'est la richesse qui veut ça, j'imagine. L'argent corrompt les âmes les plus pures, qu'ils disent les autres, je crois qu'ils ont raison. On est tous des pourritures à notre façon. Mes parents sont doués pour jouer ce rôle tiens. Ma mère est une avocate, qui gagne plus que bien sa vie. Mon père a quelques entreprises à son crochet. Il saute tout ce qui bouge, et madame s'en fiche. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison qu'elle aime pas son mari. Et puis, faire un divorce, ça ferait trop de bordel pour si peu, et tout le monde serait au courant qu'elle est cocue. Je vis dans une putain de famille qui ne jure que par les apparences. L'ambiance à la maison peut être chaotique, peu importe si, une fois dehors, tout le monde aborde ce même sourire hypocrite qui me donne envie de gerber. Les riches sont aussi hypocrites. Mes parents sont du genre à travailler beaucoup et à être peu présent. Quand j'étais petite, j'avais même une gouvernante, le genre de nana qui a rien trouvé de mieux que de s'occuper de gosses qui ne sont pas les siens. Ma mère m'obligeait à faire un tas d'activité extrascolaires, vous savez, du genre des cours de piano, français, toutes ces conneries là. Forte heureusement, j'ai vite séché, parce que c'était foutrement barbant. En fait, la plupart du temps, j'essayais de squatter chez Apölyne et son frère, parce que je détestais être chez moi.

Vers mes quatorze ans, je crois, j'ai découvert les miracles de la drogue, de par un pote qui m'en avait juré les bien-faits. Quand on me dit que j'ai enfin un moyen d'oublier un instant dans quel monde de merde je vis, forcément, j'achète. Et ça marche, je peux vous dire que ça marche vachement. C'était une putain de libération de voir qu'il y avait un autre moyen de vivre. C'est sûr, à l'époque j'me doutais pas que c'était une descente aux enfers, je profitais juste. Et un an après, j'ai commencé à foutre un peu n'importe quoi. J'ai commencé à me dire que le frère de ma meilleure amie devait être pas mal. D'où le moment où on a couché ensemble pour la première fois - ma première fois aussi d'ailleurs – chez eux, alors que j'attendais Apölyne. Je me suis détestée après. Mais ça m'a pas empêché de recommencer. Dans le dos d'Apo, parce que je n'avais aucunement besoin qu'elle aussi me regarde comme une salope après. L'année d'après, ce fut encore pire. Pas dans le sens où « je continue à faire n'importe quoi avec Raphaël » hein, parce que ce crétin a trouvé le moyen de disparaître en laissant une minable lettre à Apölyne. Elle était mal après, la pauvre. Moi aussi, je crois. J'avais un vide. Et comme on l'a toujours fait, on s'en est sorties ensemble, parce que, de toutes manières, ça a toujours était elle et moi. Elle aussi, elle a commencé à se droguer. Et au fil des années, on a multiplié les doses. On s'est aussi rendu compte en même temps que les filles, ça pouvaient être pas mal en fricotant toutes les deux.

Maintenant, ça fait des années je ne suis pas sobre. Je fume cigarette sur cigarette, je sniffe aussi souvent que possible, et je bois suffisamment pour mettre mal. Apölyne, c'est pareil. J'ignore si c'est à cause de moi, du départ de son frère ou une autre connerie, mais on est descendues bien bas toutes les deux. On couche ensemble, on fume ensemble, on bois ensemble, tout ça. Et on recommence le lendemain. Avec Apölyne, on est parties, on a emménagé ici, toutes les deux. Bien sûr, pour faire bonne figure, mes parents racontent que je suis actuellement dans une grande université. Ils ont honte d'avoir une gosse pas foutue de faire quelque chose de ses dix doigts à part des choses pas très catholiques.

Bienvenue parmi nous =)

K. Esther Skyrah a écrit:

Oh Aprho' . Par grand hasard on se retrouve ici, zut !
J'aime ton avatar, mais tu dois déjà le savoir et je veux un lien. Ou plutôt, j'exige (a)
Bonne chance pour ta présentation !